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La France interdit la vente d’objets et de couteaux en ivoire

C’est une mesure qui est peut-être passée inaperçue, mais la législation française concernant la vente d’objets et notamment de couteaux de cuisine en ivoire a dernièrement fortement évolué. Désormais, le commerce de l’ivoire en France est strictement interdit. Cette disposition, qui vise pourtant à augmenter la protection des éléphants et à sauvegarder l’espèce, divise.

La France interdit la vente d'objets et de couteaux en ivoire

En France, le commerce de l’ivoire a vécu

Le décret de loi promulgué par Ségolène Royal

C’est au cours d’un récent voyage au Kenya que Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie a fait part d’une décision drastique concernant le commerce et la vente d’objets en ivoire (dont les couteaux de cuisine munis d’un manche façonné avec des défenses d’éléphants.)

Répondant à une demande officielle émanant de plusieurs pays africains dans le but de limiter le braconnage sauvage et de préserver ainsi la survie des populations de pachydermes et de rhinocéros, la ministre française a donc notifié l’interdiction de « tout commerce d’ivoire sur le territoire français. »

Cette annonce vient renforcer l’arrêté du 17 août, conjointement élaboré par Ségolène Royal et le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Le texte interdit précisément et totalement « la vente ou l’achat de défenses et d’objets composés en tout ou partie d’ivoire » ainsi que « la fabrication d’objets utilisant de l’ivoire, quelle que soit l’ancienneté de l’ivoire utilisé. »

Cette décision ferme et définitive place aujourd’hui la France en tête des pays européens dans la lutte pour la protection des éléphants et rhinocéros.

Une démonstration de force

Comme un symbole, la déclaration de Ségolène Royal a été effectuée en marge d’une grande cérémonie de destruction massive d’ivoire organisée à Nairobi par le président kenyan Uhuru Kenyatta. Les dirigeants du Gabon et de l’Ouganda étaient également présents.

Tel un avertissement en direction des contrebandiers qui poursuivent leurs basses besognes sans aucun scrupule depuis tant d’années, 105 tonnes d’ivoire ont ainsi été détruites sur la place publique. C’est la plus grande quantité d’ivoire qui s’est ainsi envolée en fumée, soit quand même 5 % du stock mondial !

Dans le prolongement de l’action initiée en janvier 2015

La vente d’objets et de couteaux de cuisine en ivoire était déjà réglementée

Il est utile de préciser que le commerce, le travail et la vente d’objets en ivoire étaient déjà très encadrés en France. Depuis la signature de la convention de Washington sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, Convention on International Trade of Endangered Species), une épée de Damoclès planait sur la tête des artisans œuvrant dans le secteur.

Une suite logique des événements

L’annonce faite l’été dernier par Ségolène Royal n’a finalement rien de surprenant au regard de la prise de position de la Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie en janvier 2015.

Celle-ci avait alors demandé aux responsables de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de faire en sorte qu’aucun certificat CITES de réexportation ne soit plus délivré par les services de l’Etat concernant le commerce des défenses d’éléphants brutes ou de morceaux d’ivoire non travaillés.

L’interdiction de la vente d’objets et de couteaux de cuisine en ivoire fait débat

Une chose est certaine : même si le nouveau texte législatif semble frappé du sceau du bon sens, son adoption crée un débat houleux entre les partisans de l’action du gouvernement et ceux qui la dénigrent, principalement représentés par les professionnels de la vente d’objets et de couteaux de cuisine en ivoire.

Satisfaction des défenseurs de la cause animale

Spécialisée dans le suivi du commerce illégal des espèces animales, l’ONG Robin des Bois s’est ainsi félicitée de la décision politique impulsée par Ségolène Royal, « en totale convergence avec la position des états africains, des États-Unis et celle de nombreuses autres associations et ONG à travers le monde. »

Charlotte Nithart, porte-parole de Robin des Bois, a tenu à rappeler que l’enjeu de la mesure concernait tout simplement la sauvegarde d’un « patrimoine mondial de l’humanité », la survie des 450 000 à 500 000 éléphants encore présents sur le continent africain.

Vente d’objets et de couteaux de cuisine en ivoire : les ivoiriers mécontents

À l’inverse, les professionnels de la vente d’objets et de couteaux de cuisine en ivoire dénoncent une mesure inopérante au regard de la loi de 1990, qui encadrait déjà, selon eux, et de manière suffisante, le commerce de l’ivoire en France.

Ce texte stipulait que l’activité devait être strictement limitée :

  • aux pièces prélevées avant 1947. Celles-ci étaient alors considérées comme des antiquités ;
  • aux morceaux bruts d’ivoire importés dans l’Union européenne avant 1990. Un certificat intra-communautaire, délivré par les instances étatiques, servait de preuve quant au respect des critères d’ancienneté.

Avec l’arrêté du 17 août 2016, la vente d’objets en ivoire est donc finalement dorénavant interdite, ce qui provoque le courroux des artisans spécialisés dans ce créneau, et notamment ceux de la ville de Dieppe, haut lieu du travail de l’ivoire en France.

Ces derniers dénoncent la mort annoncée de leur métier, à moins de se voir accorder certaines dérogations comme c’était jusqu’à présent le cas. Ce qui ne va pas pour le moment dans ce sens au regard de la fermeté de la prise de position des dirigeants politiques français.

Il semble donc que les commerçants opérant dans le secteur de la vente d’objets ou de manches de couteaux de cuisine en ivoire soient obligés de se faire une raison : il n’est plus possible d’acheter ou de vendre de l’ivoire en France.

La décision des pouvoirs publics français nous apparaît somme toute comme légitime, surtout quand on sait que la population des éléphants de savane a diminué de 20% entre 2007 et 2014 à cause du braconnage… TB Groupe n’a d’ailleurs jamais caché l’importance du respect de l’environnement et de la nature lors du processus de fabrication de ses couteaux de cuisine, surtout ceux confectionnés avec un manche en bois. D’autant que les matériaux composites de dernière génération (POM, ABS) offrent de nombreuses possibilités aux couteliers en termes de fiabilité et de design. Dont acte.
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