Le survivalisme commence à se démocratiser en France
Survivre en milieu hostile : un concept tout droit venu des USA
Terme anglo-saxon mêlant la racine survival (survivance, en français) au suffixe isme (doctrine ou pratique), le survivalisme qui gagne depuis quelques années la France a été inventé par Kurt Saxon, dont les premiers écrits traitaient des moyens de survie à l’aide de la fabrication d’armes diverses.
Son concept a été popularisé dans les années 60/70 aux États-Unis et a véritablement connu son essor après les chocs pétroliers de 1973 et 1979. Le survivalisme s’est alors développé dans un contexte économique difficile (inflation, chômage, crise énergétique) engendrant fébrilité et peur de l’avenir. Face à cette situation, des groupes d’individus ont immédiatement privilégié l’intérêt pour les notions d’autonomie et d’autosuffisance.
Plus tard, en 2008, la crise des subprimes et les autres scandales, qui ont secoué le monde de la finance à l’échelle internationale, ont encore accentué le phénomène.
En fait, le survivalisme tel qu’il est conçu sur le sol américain repose sur une doctrine résumant les moyens de survie efficaces capables de faire face à l’apocalypse, qu’elle soit nucléaire, économique ou pandémique. Environ 3 millions d’Américains se préparent ainsi en ce moment à affronter le pire en stockant de la nourriture et de l’eau ou en construisant des abris souterrains. L’objectif ultime est de pouvoir faire face à une rupture de la continuité sociétale ou civilisationnelle…
L’homme face à la nature
Aujourd’hui, le concept de survivalisme est devenu un véritable phénomène de société qui prend les apparences d’un courant protéiforme. Il ne peut se définir par une simple activité ou une façon de vivre donnée.
Le survivalisme en France revêt un caractère particulier et une nuance marquée par rapport à la manière dont il est vécu outre Atlantique. Les survivalistes hexagonaux recherchent davantage un art de vivre et un retour aux sources, à la terre, tout en essayant parfois de maintenir des conditions de confort modernes.
Si certains d’entre eux ont également pour objectif la construction de bases autonomes durables, le survivalisme est plutôt vu dans notre pays comme un mode de vie visant à recentrer l’homme face à la nature par le biais d’un retour aux valeurs fondamentales : chasser, pêcher, cultiver… et toutes sortes d’activités tendant vers le développement durable.
On est ici bien loin des préoccupations américaines. Le survivalisme à l’européenne ou à la française est davantage marqué par l’adéquation et l’harmonie avec l’environnement.
Un retour aux sources : l’homme face à la nature
Sociologie de l’imaginaire
Universitaire à la Faculté Paul Valéry de Montpellier et spécialiste du survivalisme, Bertrand Vidal opère pour sa part le lien entre le survivalisme tel qu’il se développe en France et les émissions de téléréalité en rapport avec le phénomène : Koh-Lanta, Man vs Wild, The Island, etc.
Le chercheur y décrypte tout un univers qui influence la réalité et le lien social dans une volonté d’un retour de l’homme à la nature et de fuite de la civilisation.
Tout ceci n’est bien sûr "que de la télévision" et si l’on perce le message des programmes actuels, les deux principales clés du survivalisme en France reposeraient sur les deux préceptes de base suivants : savoir trouver de l’eau (et la conserver), savoir se servir d’un couteau et l’affûter ! La réalité est forcément bien plus complexe.
Stages de survivalisme en France
Comme aux États-Unis et dans d’autres pays d’Europe, une initiation au survivalisme est possible en France. De la simple découverte aux stages de survie les plus poussés, les possibilités sont nombreuses. Ces dernières années, différents portails Internet, forums et autres blogs associatifs, nés pour la quasi majorité d’initiatives privées, ont fleuri sur la Toile. Ils proposent aux personnes intéressées une véritable immersion de l’homme dans la nature selon des modalités prédéfinies.
Les disciplines enseignées sont vastes, variant depuis les rudiments en matière de survivalisme jusqu’aux techniques de survie les plus élaborées. Différents modules sont généralement proposés :
Survivalisme et philosophie de la vie de l’homme dans la nature
Observation, anticipation, gestion du stress, acquisition des bons réflexes décisionnels et respect de l’environnement sont les maîtres-mots de cette approche.
Connaissance du biotope
Ou comment apprendre à découvrir et à connaître la faune, la flore, les végétaux, la géologie, le relief et l’hydrologie d’une région donnée.
Maîtrise du feu
Enseignement des techniques de production du feu (friction, percussion, conduction) et ses multiples applications.
L’abri
Recherche des abris naturels ou élaboration d’habitats à l’aide de matériel ou kits de survie en milieu hostile.
L’eau
Savoir dépister des sources d’eau, déterminer leur indice de potabilité et apprendre les différents moyens de la transporter et de la conserver.
L’alimentation
Analyse de la toxicité des végétaux comestibles présents dans la nature. Les gérer et les conserver. Connaître ses propres besoins nutritionnels afin d’éviter les carences.
Chasse et pêche
Maîtrise de techniques variées, fabrication ou utilisation d’armes, de lames (tels que les couteaux de survie ou couteaux de poche), règles de sécurité dans leur maniement.
Règles d’hygiène et premiers soins
Évaluer les symptômes dysfonctionnels et poser un diagnostic fiable. Traitements préventifs et curatifs à partir de la pharmacopée naturelle. Gestes de premiers secours.
Le matériel
Port de vêtements et d’outils adaptés (couteaux de poche, couteaux pliants) fabrication, utilisation et entretien.
Navigation, météorologie
Enseignement des techniques de progression, franchissement d’obstacles, navigation, lecture et anticipation des phénomènes météo (déplacement des masses d’air, chaleur, orage, neige, etc.)
Selon les structures ou associations de survivalisme œuvrant en France, il est possible d’adapter ces enseignements divers et variés en fonctions de vos attentes. Plusieurs modalités peuvent être mises en place : cours particuliers, séances ou séjours à destination des comités d’entreprise, des écoles, etc.